« Les Navajos définissent la santé comme un état, dépendant d'une relation entre le monde séculaire et le monde sacré. Ils affirment qu'une harmonie, un ordre supérieurs relient toutes les créatures vivantes. La maladie, pour eux, est une déperdition, un déséquilibre, une « fuite » pourrait-on dire, du sacré qui est en nous. Guérir va consister à se recharger spirituellement.
Plus généralement, les Navajos considèrent qu'un être vivant est le premier responsable de sa santé : c'est lui qui décide, par son comportement, de se maintenir ou non en relation avec le monde sacré, autrement dit, de vivre longtemps ou pas. Quitter les dieux, c'est quitter la terre.
Mais tous les peuples dits primitifs tiennent la vie pour sacrée. De notre santé dépendrait la santé du monde. Qui veillerait sur le monde ? »
Si « hozho » veut dire « équilibre », il veut dire aussi « harmonie », « ordre », « bien », « beauté ».
Les Navajos emploient rarement ce mot seul. Ils disent:
shil hozho, « avec moi, il y a de la beauté »,
shii hozho, « en moi, il y a de la beauté »,
ou encore shaa hozho, « de moi, la beauté irradie ».
La maladie, chez les Navajos, n'est pas le résultat d'un dérèglement hormonal, mais moral; pas d'un virus, mais d'une dispute ; pas d'un microbe mais d'un excès. Le responsable de la maladie, c'est d'abord le malade lui-même qui a rompu avec cette « santé-beauté » par son attitude. Il est responsable de sa guérison, comme il l'a été de sa maladie. De son application et de son implication vont dépendre ses retrouvailles avec l'état d'hozho. La guérison reviendra à rétablir le lien, à réintroduire chez le patient une « beauté » que Sam Begay, l'homme-médecine présente comme venant des Êtres sacrés, des Ancêtres.
D'abord se souvenir que la vie est un tout, que la santé n'es peut-être pas aussi « naturelle » qu'elle paraît de prime abord. Elle a une part surnaturelle, divine, disent les Navajos. Vivre, c'est aussi croire, et non seulement gérer un patrimoine génétique, exister frileusement, faisant de la santé un fait végétatif quand elle peut être l'expression de la plus haute de notre dignité- que nous acceptions de soutenir l'ordre éternel ou que nous choisissions de nous en écarter en refusant la « guérison ».
« Peintures de sable des Indiens Navajo-
La voie de la Beauté »..Actes Sud.
Comments